Par une décision n° 421644 rendue le 18 décembre 2019, le Conseil d’État a annulé un arrêt de la Cour administrative d’appel de Marseille qui avait statué sur le refus d’un maire de délivrer un permis de construire pour la construction d’un mur de clôture. Ce faisant il éclaire le droit de l’urbanisme applicable à l’édification d’un mur.
Un particulier a demandé au tribunal administratif de Montpellier d’annuler l’arrêté du 16 mai 2014 par lequel le maire de Puivert (Aude) a refusé de lui délivrer un permis de construire pour une pergola en bois et un mur de clôture. Par un jugement n° 1403900 du 7 octobre 2016, le tribunal administratif de Montpellier a annulé cet arrêté en tant qu’il porte sur le refus de délivrer un permis de construire pour un mur de clôture.
Par un arrêt n° 16MA04655 du 20 avril 2018, la cour administrative d’appel de Marseille, saisie d’un appel formé par la commune contre ce jugement en tant qu’il annule le refus de délivrer un permis de construire pour le mur de clôture, a annulé le jugement dans cette mesure et rejeté la demande qui avait été présentée sur ce point par l’intéressé devant le tribunal administratif.
La cour avait jugé que le mur devait être implanté, conformément aux règles du plan local d’urbanisme applicables aux constructions, à une distance des limites séparatives de l’unité foncière au moins égale à la moitié de sa hauteur. Elle en concluait que le permis devait être refusé. Le demandeur a alors saisi le Conseil d’Etat d’un pourvoi dirigé contre l’arrêt du 20 avril 2018. Le Conseil d’Etat a annulé cette décision pour erreur de droit en distinguant construction et clôture.
Dans sa décision du 18 décembre 2019, le Conseil d’Etat rappelle d’abord les textes de droit de l’urbanisme applicables au cas d’espèce. Ainsi :
Il résulte de ces dispositions qu’en dehors des périmètres énumérés à l’article R. 421-12, l’édification d’une clôture est dispensée de formalité au titre du code de l’urbanisme, sauf si elle prend la forme d’un mur d’une hauteur supérieure ou égale à deux mètres.
Le Conseil d’État relève par ailleurs que :
Il se déduit de ces dispositions que sont applicables aux clôtures, dont celles qui prennent la forme d’un mur, les seules dispositions du règlement d’un plan local d’urbanisme édictées spécifiquement pour régir leur situation, sur le fondement des articles R. 151-41 et R. 151-43 du code de l’urbanisme.
En revanche, un mur qui est incorporé à une construction, alors même qu’il a la fonction de clore ou limiter l’accès à son terrain d’assiette, est soumis à l’ensemble des règles du règlement du plan local d’urbanisme applicables aux constructions.
En l’espèce, le Conseil d’État a jugé que, après avoir relevé que le mur pour lequel a été demandée l’autorisation refusée par le maire de Puivert, est “ un mur de clôture “ constitué de parpaings d’une hauteur supérieure à 2 mètres, la cour administrative d’appel s’est fondée, pour juger légal le refus opposé par le maire, sur les dispositions de l’article 7 du règlement de la zone ULe du plan local d’urbanisme de la commune, aux termes desquelles “Toute construction nouvelle doit être implantée à une distance des limites séparatives de l’unité foncière au moins égale à la moitié de sa hauteur sans pouvoir être inférieure à 4 mètres“. Or, en faisant ainsi application de dispositions relatives aux constructions à ce mur, qu’elle a qualifié de clôture, sans rechercher s’il s’incorporait à une construction, la cour a entaché son arrêt d’une erreur de droit.
Cette décision du Conseil d’État permet ainsi d’identifier avec clarté le régime juridique applicable en droit de l’urbanisme à l’édification un mur selon qu’il constitue une simple clôture ou qu’il fait partie d’une construction.